Gilles Villeneuve, 40 ans déjà: «Je pense à lui tous les jours»
Son frère, Jacques, n’est pas surpris de la popularité de Gilles, 40 ans après sa mort
Jacques Villeneuve était couché quand sa belle-mère lui a annoncé que son frère, Gilles, avait eu un grave accident en ce samedi matin du 8 mai 1982.
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En compagnie de son épouse, Céline, il a quitté précipitamment sa résidence de Saint-Cuthbert pour se diriger vers la maison de ses parents, Séville et Georgette, non loin de là, à Berthierville.
La présence de journalistes et de caméramans, déjà accourus sur les lieux, lui a rapidement fait comprendre que c’était sérieux.
« Ma mère, en pleurs, était dévastée, a relaté Villeneuve. Mon père, lui, était plutôt serein et tentait de la consoler. Moi, je suis resté solide, mais ce n’est que six mois plus tard que j’ai réalisé que je ne reverrais plus mon frère.
« J’ai été dans le bar d’un hôtel de Berthierville, enchaîne-t-il. J’ai bu, ce que je ne fais jamais. C’est comme si j’avais reçu un coup de masse sur la tête. J’ai appelé Céline pour qu’elle vienne me chercher. »
La faute aux pneus
Villeneuve regrette que les médias fassent toute une histoire avec l’anniversaire du décès de son frère chaque année.
« Le 8 mai, ce n’est pas une date joyeuse, c’est la mort de Gilles, souligne-t-il. Alors, pourquoi nous le rappeler constamment ? Moi, je n’ai pas besoin de cette date pour me souvenir de mon frère. Je pense à lui pratiquement tous les jours. »
Dans une déclaration plutôt surprenante, Villeneuve n’est pas prêt à jeter le blâme sur le coéquipier de Gilles, Didier Pironi, qui n’avait pas respecté la consigne de garder leur position pour ménager la voiture au Grand Prix de Saint-Marin, deux semaines avant l’embardée fatale de son frère à Zolder, en Belgique.
« Je sais que Gilles était furieux de la situation, déclare Villeneuve, mais la course est ainsi faite, d’après moi. Je ne veux pas défendre Pironi, mais tout pilote veut gagner.
« Même si des consignes d’équipe avaient été exigées par Ferrari, Pironi s’est probablement dit que la victoire était à sa portée, peu importe les circonstances. Peu importe aussi l’ordre qu’on leur avait donné de garder leur position.
« Une chose est certaine, a renchéri Villeneuve. Cet incident a été une mauvaise chose pour les deux pilotes. Et tout ça, c’est la faute aux pneus. Sans cette réglementation stupide qui limitait les pilotes à seulement deux trains de pneus neufs en qualifications, Gilles aurait probablement connu un meilleur sort. Il n’aurait jamais dû tenter un autre tour en sachant que ses pneus n’étaient pas en bon état. »
« Peser sur la... suce »
Villeneuve n’est pas surpris de la popularité de Gilles, 40 ans après son décès.
« Il a mis le sport automobile sur la carte, dit-il, surtout avec sa première victoire en F1 à Montréal [en 1978]. On lui doit beaucoup.
« Ce que je retiens, c’est sa ténacité de vouloir gagner. Gilles et moi avons les mêmes gènes. L’important c’est de peser sur la... suce. On voulait toujours rouler plus vite que lors du tour précédent. »
Redoutait-il un jour de perdre son frère sur un circuit de course ?
« Le danger existe, répond-il, mais tu ne penses jamais que tu peux avoir un gros accident. Aussi bien faire un autre métier. Mais quand ton heure a sonné, il n’y a rien à faire. J’imagine que j’ai été plus chanceux que lui. »