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ArchivesEn 2003, Zahra Kazemi mourait torturée en Iran

Gros plan sur la photo de passeport de Zahra Kazemi.

En 2003, Zahra Kazemi était assassinée en Iran.

Photo : Capture d'un reportage de Radio-Canada

Radio-Canada

Le 11 juillet 2003 est décédée en Iran, dans des circonstances nébuleuses, la reporter-photographe irano-canadienne Zahra Kazemi. Sa mort brutale et l’absence de volonté de la part des autorités iraniennes à lui rendre justice ont soulevé l’indignation au Canada, de même que dans l’opinion publique internationale.

Une mort plus que suspecte

L’Iran a confirmé la mort de Zahra Kazemi. Madame Kazemi pratiquait son métier de journaliste partout dans le monde, caméra en bandouillère. Elle avait été interpellée par les autorités iraniennes à la fin de juin.

Une citation de Josée Thibeault

Téléjournal, 12 juillet 2003

Cette introduction de l’animatrice du Téléjournal du 12 juillet 2003 nous plonge dans une affaire où règnent à la fois l’horreur et l’impunité.

Zahra Kazemi, une journaliste-photographe et cinéaste d’origine iranienne, est morte à Téhéran après être tombée pendant plusieurs jours dans le coma.

Selon la version officielle du gouvernement iranien, son décès aurait été provoqué par une attaque cérébrale.

Cependant, on comprend, à l’écoute du compte rendu du journaliste Yves Poirier, que son décès est plus que suspect.

Le 23 juin 2003, la journaliste avait été arrêtée à Téhéran parce qu’elle avait photographié la prison d’Evin.

Le porte-parole de Médecins sans frontières, Amir Khadir, explique à Yves Poirier ce qu’est la réalité carcérale en Iran.

« Dans les prisons iraniennes se pratique la torture, se pratiquent des interrogatoires accompagnés de coups et de violences », soutient le médecin lui-même d’origine iranienne.

En conférence de presse, Stephan Hachemi, très déterminé, réagit à la mort de sa mère. Sa priorité absolue est alors de rapatrier au Canada sa dépouille.

Ce n’est qu’à cette condition, croit-il, qu’on pourra pratiquer une autopsie qui expliquera les circonstances du décès de sa mère.

Le jeune homme qui, comme sa mère, a fait de Montréal sa ville d’adoption, demande l’aide du gouvernement canadien.

À Ottawa, on est aussi indigné du sort de Zahra Kazemi.

Un simulacre de justice

La mort de la journaliste-photographe souligne à quel point le régime des ayatollahs, qui dirige en Iran, méprise à la fois les droits de la personne et la justice.

Le gouvernement iranien refuse catégoriquement de laisser partir le corps de Zahra Kazemi au Canada pour y être autopsié.

Téléjournal, 23 juillet 2003

C'est ce qu'explique la journaliste Catherine Kovacs dans son compte rendu présenté au Téléjournal le 23 juillet 2003.

Stephan Hachemi y affirme que les autorités iraniennes auraient même exercé d’intenses pressions sur sa grand-mère pour qu’elle signe rapidement les papiers d’inhumation.

Cette manœuvre iranienne mécontente par ailleurs grandement le gouvernement canadien, qui rappelle alors son ambassadeur de Téhéran et évoque de possibles sanctions contre l’Iran.

La tenue d’un procès en juillet 2004 à Téhéran prouve par ailleurs l’absence de volonté d’amener la justice dans ce dossier.

L’accès aux audiences, par exemple, est interdit par le ministère de la Justice iranien.

Les diplomates canadiens et étrangers, qui ont pu suivre la première journée de délibérations, se voient ensuite refuser l’entrée le deuxième jour.

Téléjournal, 18 juillet 2004

Le journaliste Yvan Côté explique, au Téléjournal du 18 juillet 2004, que l’unique juge a mis abruptement fin à la procédure dès la deuxième journée en confirmant qu’il avait tous les éléments nécessaires pour rendre un verdict.

Doit-on aussi s’étonner qu’une semaine plus tard ce même juge acquitte ceux que le gouvernement iranien a désignés comme étant les meurtriers de Zahra Kazemi?

L'heure du midi, 25 juillet 2004

Le jugement, souligne le compte rendu du journaliste Benoît Friceau, présenté à L'heure du midi le 25 juillet 2004, soulève l’indignation des avocats de la victime

Une participante à l’équipe de la poursuite n’est nulle autre que l’avocate Shirin Ebadi. La lauréate du prix Nobel de la paix 2003 dénonce les multiples failles qui ont caractérisé ce procès.

L’avocate n’en démord pas. Elle est prête à poursuivre la recherche de la justice pour Zahra Kazemi et sa famille.

La position du gouvernement canadien est, pour sa part, attentiste.

Une mort particulièrement brutale

Quelques mois plus tard, ce qui est vraiment arrivé à Zahra Kazemi est révélé.

Le médecin légiste Shahram Azam travaillait pour le ministère iranien de la Défense et a pratiqué une autopsie sur le corps de la défunte.

Il s’est ensuite enfui du pays et a obtenu l’asile politique au Canada. C’est ainsi qu’il a pu révéler la vérité.

Le Téléjournal/Le Point, 31 mars 2005

Cette dernière, comme le confirme le reportage du correspondant à Ottawa Daniel Lessard, présenté au Téléjournal/Le Point du 31 mars 2005, est pire que tout ce qu’on avait pu appréhender.

Le diagnostic de l’autopsie du docteur Azam est tout simplement terrifiant.

Jamais le médecin n’avait vu une personne torturée de la sorte, sauf peut-être en temps de guerre.

Si le premier ministre canadien Paul Martin se dit outré et que le ministre des Affaires étrangères Pierre Pettigrew assure maintenir toutes les options ouvertes pour une réplique à l’Iran, Stephan Hachemi demeure insatisfait de la réaction du gouvernement canadien.

Ottawa, souligne Daniel Lessard, apparaît incapable d’infléchir le comportement de l’Iran. Pour ce pays, ce dossier semble être une affaire classée.

Le 14 octobre 2014, la Cour suprême du Canada a, pour sa part, rejeté la requête de Stephan Hachemi qui demandait le droit de poursuivre les autorités iraniennes devant un tribunal canadien pour l'assassinat de sa mère.

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